COMMENT LES OBSERVER ?
En fonction de leur taille, de leur mode de vie, des milieux fréquentés, de leurs rythmes d'activité et d'autres paramètres biologiques, les mammifères sauvages sont plus ou moins faciles à observer, même ceux considérés comme communs, présentés sur cette affiche. Si l'on veut observer des mammifères en pleine nature, il est primordial de se déplacer en silence, si possible en progressant le long d'une haie ou d'une lisière de bois, au bord d'un chemin forestier plutôt qu'au milieu, et de s'arrêter de temps à autre pour écouter les bruits environnants.
S'ils ne sont pas dotés comme le sont les oiseaux d'une vue perçante, les mammifères sont très sensibles au mouvement et possèdent en revanche une ouïe fine et un odorat très développé. De ce fait, se déplacer contrevent, de façon discrète et porter des vêtements de couleurs neutres favorisent l'approche des mammifères. Emporter avec soi des jumelles légères et lumineuses peut faciliter l'identification d'animaux lointains, notamment à l'aube et au crépuscule.
QUAND LES OBSERVER ? LE RYTHME JOURNALIER
Alors qu'observer un Blaireau vivant en pleine journée est assez improbable, apercevoir de jour un Chevreuil au beau milieu d'une prairie ou un Écureuil à la cime d'un chêne est beaucoup plus habituel. En fait, certains mammifères sont essentiellement nocturnes alors que d'autres peuvent être actifs aussi bien de jour que de nuit, les phases consacrées à l'alimentation alternant avec des phases de repos. L'aube et le crépuscule sont des moments privilégiés pour voir des mammifères en activité, aux heures où les espèces diurnes et nocturnes se croisent, les unes pour gagner un gîte ou un terrier et dormir, les autres pour se mettre en quête de nourriture.
RYTHME SAISONNIER
Au nombre des espèces figurant sur cette affiche, seul le Hérisson est un véritable hibernant et entre en léthargie prolongée à la mauvaise saison. Sans vraiment hiberner, d'autres espèces, telles l’Écureuil ou le Blaireau, peuvent cependant connaître des périodes de torpeur de quelques jours lors d'épisodes météorologiques défavorables.
BIEN IDENTIFIER - ÉVITER LES CONFUSIONS
Si confondre un Écureuil roux, un Renard ou un Blaireau avec une autre espèce est très peu probable, des observations fugaces d'autres mammifères peuvent être sources d'erreurs d'identification. C'est le cas par exemple du Lièvre et du Lapin, du Cerf et du Chevreuil, de la Fouine et de la Martre ou encore de la Belette et de l'Hermine. C'est pourquoi, bien s'imprégner de critères-clés de détermination peut permettre d'éviter ces possibles confusions.
COMMENT LES DÉTECTER ? À LA RECHERCHE D'INDICES
S'ils ne se laissent pas toujours facilement observer, notamment les nocturnes, les mammifères laissent sur leur chemin de nombreux indices de leur passage, qu'il s'agisse d'empreintes, de fèces (crottes), de restes de repas ou d'autres signes d'activité. La recherche d'indices de présence constitue la part la plus importante du travail de l'observateur de mammifères.
LES EMPREINTES
En raison de leur poids, les mammifères de bonne taille (Sanglier, Chevreuil, Blaireau, Renard et autres) laissent régulièrement la trace de leurs pas dans la boue des chemins, sur la terre humide des champs cultivés ou la vase en bordure de mares ou de cours d'eau. Ces empreintes, propres à chaque espèce, sont relativement faciles à identifier, moyennant qu'elles soient bien marquées (complètes) afin d'en livrer à l'observateur tous les détails, telle la trace des gardes à l'arrière des sabots du Sanglier que ne présente pas l'empreinte du Chevreuil. Ne vous contentez pas d'analyser une seule empreinte, cherchez-en plusieurs pour confirmer l'identification.
LES FÈCES
Chez les mammifères de moyenne ou grosse taille, les crottes sont en général caractéristiques de chaque espèce, par leur taille, leur forme, leur texture, leur contenu, voire leur accumulation, à l'image des importants crottiers de Fouine que l'on peut trouver, associés à des œufs vides, dans les greniers de bâtiments peu fréquentés.
Chez beaucoup de Carnivores, comme le Renard ou la Belette, outre de soulager l'intestin, les crottes servent également à marquer le territoire. De manière très originale et spécifique, le Blaireau dépose ses copieux excréments dans des "pots" qu'il creuse dans le sol, groupés en ensembles qualifiés de latrines. Les crottes de Chevreuil, encore appelées "moquettes" se présentent comme des tas de petites unités oblongues à bout pointu, noires et luisantes à l'étal frais. Dans certains sites, la forte occupation par le Lapin de garenne se traduit par de véritables tapis de crottes.
LES TERRIERS
Plusieurs des espèces présentées au recto passent leur phase de repos et donnent naissance à leurs jeunes dans des terriers, creusés en général dans les sols meubles. Le plus spectaculaire et typique de ces terriers est sûrement celui du Blaireau, qui peut comporter plusieurs dizaines de mètres de galeries débouchant sur diverses "gueules" prolongées par une gouttière bien marquée partageant en deux le tas de terre extrait de la cavité ; ce terrier avec ses nombreuses ouvertures et déblais associés est appelé "blaireautière".
Le terrier du Renard est plus discret, le monticule de terre devant le trou d'accès ne comportant pas de gouttière. Le Lapin de garenne gîte aussi dans des terriers, disposés en général sur un talus ou une pente.
LES RESTES DE REPAS
Bien que diurne, et donc plus facile à observer que certaines autres espèces, l’Écureuil roux ne se rencontre que très fortuitement. S'il fallait compter sur les seules observations directes de l'animal, les données de présence seraient bien moins nombreuses. Fort heureusement, l’Écureuil a une façon unique d'ouvrir les noisettes, en fendant la coquille en deux après avoir pratiqué avec ses incisives une profonde incision au sommet. La méthode d'élimination des écailles utilisée par l'Écureuil pour récupérer les graines contenues dans les cônes de pin produit une sorte de trognon mal coiffé caractéristique de l'espèce.
AUTRES INDICES
Il est bien difficile d'en dresser une liste exhaustive tant ils sont nombreux, de types variés et le plus souvent propres à une espèce. Le mieux connu de ces indices est sans doute la taupinière, qui révèle l'activité fouisseuse de la Taupe. On peut aussi mentionner les "boutis" et "vermillis" des sangliers en recherche de nourriture, qui se concrétisent lorsqu'ils sont abondants et répétés en lisières de bois par un véritable retournement de prairie. Les "grattis" des lapins de garenne identifient l'espèce, surtout qu'ils sont le plus souvent associés à des crottes. Les mares forestières ou de simples flaques d'eau dans les massifs boisés servent souvent de souilles pour les sangliers, à proximité immédiate desquelles on peut observer le pied des arbres enduits de vase contre lesquels les animaux se sont frottés après leur bain de boue.
COMMENT HÉBERGER UN HÉRISSON DANS SON JARDIN ?
Consommateur d'escargots, de limaces et d'insectes (carabes), le Hérisson est considéré comme bienvenu dans les jardins. De ce fait, il peut être intéressant de le retenir en lui offrant le gite. Une simple caisse en bois retournée, avec orifice d'entrée d'au moins 12 x 12 cm environ, recouverte de feuilles mortes et/ou de branchages peut constituer un abri très apprécié du Hérisson.
VICTIMES DE LA ROUTE
Hormis la Taupe, en raison de sa vie essentiellement souterraine, toutes les espèces représentées au recto de cette affiche peuvent faire l'objet de collisions avec des automobiles ou des camions et se retrouver sous forme de cadavres en bords de routes.
Le Hérisson est sûrement l'animal qui paie le plus lourd tribu à la circulation routière, notamment en périphérie des villages et bourgs ruraux, mais le Blaireau vient régulièrement en seconde position en tant que victime de la route.
À QUOI SERVENT VOS OBSERVATIONS ?
En période d'enquête Atlas, vos données contribuent à l'élaboration des cartes de présence des différentes espèces de mammifères par exemple.
En tout temps, les observations que vous transmettez alimentent les bases de données informatisées locales et nationales et peuvent contribuer à l'élaboration de plans locaux d'urbanisme (PLU) ou d'atlas de biodiversité communale (ABC), qui permettent aux collectivités territoriales de prendre connaissance et conscience de leur patrimoine naturel. Vos données peuvent aussi être utiles pour évaluer l'impact environnemental de projets d'aménagement et proposer des mesures compensatoires. Transmettre ses observations est essentiel pour la protection des mammifères.
AU FAIT, C'EST QUOI UNE DONNÉE ?
Qu'elle concerne la rencontre d'un animal, de plusieurs ou l'identification d'un indice de présence, pour que votre observation devienne une donnée, elle doit impérativement être géolocalisée (point GPS ou nom de lieu-dit et de commune) et datée le plus précisément possible.
En résumé : donnée = observation + localisation + date + observateur