Géographe de formation, un DESS « dynamique des paysages et organisation
des espaces ruraux » en poche, il y a 13 ans Stéphanie décide de
changer de vie en quittant la Thiérache où elle officiait en qualité de
chargée de mission paysage-bocage. Désireuse de rompre avec une certaine
monotonie, mais aussi d’éviter les longs trajets sur la route, cette
native de la Mayenne se lance alors dans un nouveau challenge en
rejoignant le CPIE des Pays de l’Aisne, et en embrassant les
problématiques de la santé et de l’environnement.
Le déclic a eu lieu, tout simplement au sortir de sa douche en
inspectant les composants de son shampoing. De fil en aiguille,
curieuse, Stéphanie s’est posé des questions, a creusé le sujet et la
passion a fait le reste. Elle constate d’ailleurs que son domaine de
prédilection ressemble à un puits sans fond car les nouvelles données et
les connaissances progressent constamment. Elle avoue qu’elle n’est pas
irréprochable dans ses habitudes de tous les jours, et qu’elle est bien
loin d’une extrémiste écolo où certains seraient tentés de la
cantonner.
Lors d’ateliers d’une durée de 2h, autour d’une douzaine de personnes,
entre exposés généralistes et mise en situation, Stéphanie captive son
auditoire et tente de répondre aux multiples questions qui taraudent les
personnes présentes. Puis vient l’heure de mettre la main à la pâte. «
Je ne suis pas là pour juger les autres ou être une jusqu’au-boutiste,
mais uniquement pour lever le voile sur certaines pratiques, apporter un
éclairage, des pistes de réflexion, voire soumettre des solutions
alternatives. Faire comprendre aux gens ce qu’ils achètent, ce qu’ils
consomment, qu’ils décèlent les impacts sur leur santé et
l’environnement, les inciter à consommer moins, mieux et surtout aller
vers la sobriété chimique dans leurs achats et leurs pratiques mais
aussi dans les solutions alternatives. Chacun ensuite conserve son libre
arbitre », nous explique Stéphanie.
Décrypter les étiquettes et/ou les pictogrammes sur un produit,
reconnaitre les ingrédients, découvrir les impacts néfastes sur
l’environnement, mettre le doigt sur les dangers des perturbateurs
endocriniens, mais aussi fabriquer soi-même cosmétiques, produits
ménagers et d’hygiène, peinture lors d’activités ludiques. Confectionner
sa lessive soi-même avec du savon de Marseille, comment cuisiner sa
pâte à tartiner et la déguster en fin d’atelier ou encore repartir avec
toutes sortes de recettes, ce sont quelques-uns des volets récréatifs
qui ponctuent les ateliers et qui permettent aux participants d’être en
capacité d’agir pour leur santé et leur environnement.
Le panel des réunions organisées et des domaines d’intervention est très
large, précise Stéphanie : « on va aussi bien parler lors d’activités
spécifiques, des jouets en plastique et de leur danger, mais aussi des
colorants et des conservateurs dans l’alimentation, des pesticides dans
le jardin, ou de nos amis à 4 pattes sensibles aux produits ménagers.
J’ai une dizaine de cordes à mon arc. Je me dois d’avoir une approche
pédagogique, car il faut faire passer un message, sans l’imposer. »
Tout est lié, c’est l’effet boule de neige, car faire soi-même évite le
gaspillage, les produits gadgets, engendre une sobriété de consommation
et donc implique un effet vertueux sur l’environnement.
Les personnes, toutes classes d’âges confondues, venant sur la base du
volontariat sont très réceptives aux discours, avec parfois une pointe
d’anxiété dans la voix et une question récurrente : « si c’est dangereux
pour la santé et l’environnement, pourquoi c’est en vente ? ».
Stéphanie prend donc son bâton de pèlerin et explique inlassablement.
Si Stéphanie a récemment innové en se rendant au domicile de personnes
l’ayant sollicitée, les professionnels ne sont pas oubliés, en se
déplaçant sur les sites en question. C’est le cas des centres sociaux,
des médiathèques et bibliothèques, des lycées professionnels dédiés à la
petite enfance ou aux métiers liés à l’esthétisme, des crèches, où elle
rencontre des assistantes maternelles, des sages-femmes, des équipes de
techniciens de surface dans les communes ou encore des aides à
domicile. Elle accompagne aussi des collectivités désireuses de faire
évoluer leurs pratiques vers le « Zéro Perturbateur Endocrinien » pour
le bien de leurs agents et des habitants. En 2019, la ville de Guise fut
la première dans l’Aisne à s’engager dans cette voie.
Il y a également les fausses bonnes idées, soi-disant plus écolos, plus
saines propagées à tort et à travers, ou par effet de mode. Sur le
podium : les huiles essentielles contenant bon nombre d’allergènes voire
des substances perturbatrices hormonales, le bioplastique, les poêles
au revêtement anti adhésif ou encore les gobelets en carton (imprégnés
de vernis à l’intérieur, indispensable pour l’imperméabilité) … Et la
liste est malheureusement non exhaustive, plus proche d’un inventaire à
la Prévert que d’une signature en bas de page.
Liste de tous les ateliers sur www.cpie-aisne.com
Plus de renseignements : s.cormier@cpie-aisne.com ou 03 23 80 03 05.
*Procédé marketing qui consiste à mettre en avant des arguments
écologiques pour se forger auprès du public une image écoresponsable,
alors que la réalité des faits ne correspond pas ou peu à la teneur
explicite des messages diffusés. En résumé, c’est une image trompeuse de
responsabilité écologique.
Méfiance donc quand sur l’étiquette d’un produit ménager par exemple, on
décèle un prénom ancien en guise de caution et de sérieux etc., une
couleur verte omniprésente, des feuilles, des arbres rappelant la
nature, une recette d’antan en bonne et due forme, en guise de caution
environnementale.
Perturbateurs endocriniens ou hormonaux ? Quèsaco ?
Il existe de nombreuses définitions pour décrire ce que sont les
perturbateurs endocriniens. Celle qu’a établie l’Organisation mondiale
de la santé en 2002 est la plus acceptée : un perturbateur endocrinien
est « une substance exogène ou un mélange qui altère la/les fonction(s)
du système endocrinien et, par voie de conséquence, cause un effet
délétère sur la santé d’un individu, sa descendance ou des
sous-populations ».
Ces composés affectent potentiellement différentes fonctions de
l’organisme : métabolisme, fonctions reproductrices ou encore système
nerveux.
Selon un rapport de l’OMS, sorti en 2012, près de 800 substances
chimiques ont des propriétés perturbatrices endocriniennes avérées ou
suspectées. La liste de substances suspectées de ce type d’effets est
modifiée régulièrement en fonction de la production de nouvelles
connaissances. Parmi elles :
• Certains pesticides (organochlorés, fongicides, herbicides)
• Plastifiants (phtalates, Bisphénol A), retardateurs de flamme (PBDE), revêtements (PFAs)
• Médicaments : Distilbène (utilisé en prévention des fausses couches
de 1940 à 1977), anti-douleurs (paracétamol, AINS, aspirine),
antidépresseurs (Fluoxétine)
• Produits émis par les combustions incomplètes issues des
incinérateurs, de l’industrie métallurgique et sidérurgique et à la
pratique de l'écobuage des végétaux (dioxines, furanes, PCB),
• Produits d’hygiène (Triclosan) et cosmétiques (parabènes)
• Phyto-estrogènes (soja)